Samedi 10 décembre, nous étions sept pour représenter la Communauté Sainte Trinité à l’assemblée synodale diocésaine : quatre paroissiens avec notre diacre, notre vicaire et notre curé. En tout quelque 400 personnes réunies dans la chapelle puis les salles de classe de Saint-Jean-Hulst à Versailles. Voici ce que la petite délégation qui vous représentait a vécu et retenu de ce temps fort du diocèse.
Pour certains d’entre nous la première impression a été de retrouver dans cette assemblée un échantillon des personnes ayant participé aux réunions synodales en paroisse, donc pour la plupart pas très jeunes… Impression tempérée par l’arrivée de quelques retardataires dans la force de l’âge et une ambiance festive grâce au groupe N’joy de Trappes.
Les quatre temps forts de cette assemblée conclue par les Vêpres auront été une introduction par le père Etienne Guillet s’appuyant sur les Actes des Apôtres, des témoignages sur des expériences paroissiales en Yvelines, un partage par groupes de 10 en ateliers, l’intervention de Mgr Luc Crepy. Les notes ci-dessous et citations sont extraites des retours de notre délégation.
À l’écoute des Actes des Apôtres
Avec le père Etienne Guillet
Ils étaient assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières.
Ac 2, 42-47
La crainte de Dieu était dans tous les cœurs à la vue des nombreux prodiges et signes accomplis par les Apôtres.
Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ;
ils vendaient leurs biens et leurs possessions, et ils en partageaient le produit entre tous en fonction des besoins de chacun.
Chaque jour, d’un même cœur, ils fréquentaient assidûment le Temple, ils rompaient le pain dans les maisons, ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité de cœur ;
ils louaient Dieu et avaient la faveur du peuple tout entier. Chaque jour, le Seigneur leur adjoignait ceux qui allaient être sauvés.
La péricope Ac 2, 42-47 peut être caractérisée comme un refrain de croissance. Les Actes des Apôtres contiennent plusieurs refrains de croissance qui partagent trois traits en commun :
Communion et mission vont ensemble
Le choix des apôtres « tous d’un même coeur, assidus à la prière » précède une croissance de la communauté. Une Église réellement en communion ne peut que croître. Là où il y a unité, les gens viennent. Et si l’on n’est pas en communion, de quoi on témoigne ? C’est la contagion du message évangélique : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » Jn 13, 35
La communion jouxte toujours l’épreuve
C’est le théorème de la communion, la règle d’or de l’évangélisation. Une Église en communion ne peut que croître.
La communauté n’est jamais idéalisée
Il y a des tensions et dissensions entre personnes rapportées par Luc. Et il nous faut traverser des moments difficiles comme aujourd’hui. « Hier, c’est aujourd’hui » a conclu le père Etienne Guillet.

Partage d’expériences paroissiales
Par plusieurs groupes de paroissiens des Yvelines accompagnés de leur curé
Beaucoup de remontées de nos groupes paroissiaux synodaux portaient sur la gouvernance de l’Église. Certains de nos délégués ont été surpris du fait que la réponse diocésaine reposait largement sur nos épaules en mettant en évidence lors de l’assemblée les belles expériences des communautés au service de la mission, soutenues par l’Esprit Saint. Parmi les témoignages :
Forum de présentation des services paroissiaux après une messe du dimanche (à Saint-Arnoult).
Travail sur les annonces de fin de messes pour donner plus de place aux expériences vécues et au témoignage personnel (à Bailly).
Fraternités missionnaires Emmaüs : parce que la participation à la messe est une marche trop haute pour certains (Confluent).
Conseil pastoral : réflexion sur le processus de participation et de décision, clarification des rôles EAP/CP et volonté de porter la mission ensemble en partageant des moments de convivialité et de témoignages, renouvellement du CP par tiers tous les ans (à Notre-Dame de Versailles).
Accompagnement des bénévoles engagés dans les services paroissiaux par une « Équipe pour Servir les Paroissiens en Mission » (ESPM) parce que le salaire du bénévole c’est la reconnaissance et la formation. Et donc il faut l’accompagner, le soigner, particulièrement au moment de la transmission de la mission (à Chatou).
Vos délégués ont pris beaucoup de notes durant ces témoignages dont on profitera certainement dans le cadre de notre Projet missionnaire. Les expériences partagées manifestent aussi une communion diocésaine autour des mêmes préoccupations et volontés d’avancer.
Travail en atelier
Par petits groupes d’une dizaine de délégués
Notre délégation a été éclatée entre 7 petits groupes différents (parmi une quarantaine) pour réfléchir durant une heure sur l’un de ces trois thèmes issus de la collecte des synthèses synodales (Lyon, juin 2022) :
Thème 1 : Que nos communautés apprennent à marcher au pas des plus petits et des plus pauvres et que leur participation devienne le sceau de la fraternité.
Thème 2 : Que la diversité ou la complémentarité des missions, des charismes et des dons dans l’Église soit plutôt source de joie que de concurrence.
Thème 3 : Qu’un grand nombre puisse faire l’expérience de l’écoute de la Parole de Dieu comme créatrice de « fraternités » dans le Christ pour un nouvel élan missionnaire.
Ce fut souvent pour nous un exercice qui se révéla difficile avec la contrainte du temps imparti. Faire connaissance, choisir le thème, débattre, partager…
Quelques échos de nos délégués de la Sainte Trinité (qui étaient donc répartis dans des groupes différents):
Ce qui m’a le plus frappé durant nos échanges, c’est la position très marquée des deux jeunes (une femme, un homme) qui disaient « ne pas du tout se retrouver dans les remontées du synode » et « se demander si nous partageons la même foi ». Ces jeunes, parents de trois et quatre enfants, demandent avant tout « qu’on les aident à aller au Ciel ». Ils veulent de la formation et de belles liturgies. Ils se disent de la génération Jean-Paul II et Benoît XVI. Ce témoignage m’amène à la question de mieux identifier quels sont les obstacles au fossé générationnel qui semble s’être instauré.
Le travail en atelier était attendu. Trop court cependant pour avoir le temps de s’apprivoiser, choisir un des trois thèmes imposés, s’exprimer, réagir et s’accorder à 10. En tout environ 4 minutes de parole accordées à chacun dans une après-midi qui a demandé environ 240 minutes d’écoute, comme si nous avions une bouche et 60 oreilles !
J’aurai préféré qu’en atelier chacun saisisse simplement ce qu’il avait retenu des témoignages et dise ce à quoi cela le conduisait.
Du coup j’ai eu l’impression d’avoir forcé mon intervention sans pouvoir la nuancer, ce qui a choqué certains.
J’aurai préféré qu’en atelier chacun saisisse simplement ce qu’il avait retenu des témoignages et disent ce à quoi cela le conduisait.
Nous étions sept venus de paroisses et avec des missions diverses, un prêtre (les prêtres étaient dispatchés dans les groupes, n’étaient pas dans des groupes spécifiques, bonne initiative pour la synodalité). Le thème 2 a été choisi. Notre proposition a rejoint une de celles de notre projet missionnaire : insister sur l’appel, l’accompagnement, la formation, la durée limitée de la mission et la reconnaissance des bénévoles.
Les prêtres étaient dans l’assemblée donc on s’est naturellement retrouvés, après la première réunion plénière, avec eux en petit groupe. Dans mon cas nous étions neuf dont deux prêtres curés dans le diocèse, une soeur du Cénacle, un jeune séminariste et, parmi les laïcs, une « EAP » de Gazeran, la nouvelle paroisse du père Isidore qui était vicaire de la Sainte Trinité jusqu’en août dernier. Autrement dit je l’ai vécu comme une belle expérience synodale de plus ! Nous avons choisi le thème 2 et débattu notamment autour de la difficulté voire l’inaptitude déclarée pour certains (y compris l’un des prêtres) de discerner les charismes. Mais que cela ne nous décourage pas de multiplier les occasions d’ateliers « talents » et d’inviter largement en dehors de l’église.
Intervention de Mgr Luc Crepy
De retour dans la grande chapelle de Saint-Jean-Hulst, nous avons écouté notre évêque Mgr Luc Crepy répondre à quelques questions présentées par le père Pierre-Hervé Grosjean. Voici les points qui nous paraissent ressortir de ses réponses.
Comment vivre l’unité dans un diocèse qui se caractérise par une grande diversité ? Comment « embarquer » tout le monde ?
« On m’avait prévenu en arrivant, nous dit Mgr Crepy, Les Yvelines, c’est une petite France. » La très grande diversité sociale ou culturelle s’accompagne d’une grande vitalité, ce qui est une richesse. Mais il nous faut avoir surtout le souci du pauvre. Cette diversité nous invite à percevoir combien le travail de l’Esprit Saint est nécessaire pour unifier notre diocèse. Il permet à des gens si différents d’être ensemble. Nous devons avoir une foi plus grande dans l’action de l’Esprit Saint.
Comment donner à chacun sa place ?
C’est une demande remontée des ateliers : 1) Discerner les charismes de chacun 2) Chacun à sa place dans la communauté. D’où la question à Mgr Crepy : Comment faites-vous avec vos prêtres ?
Durant les témoignages, une personne a dit « on m’a prise telle que je suis ». C’est très important et il faut commencer par là. Est-ce que je suis reconnu dans ma communauté ? C’est un défi pour nous, évêques. Jésus aime chacun de nous. Avec le conseil presbytéral, il faut mieux prendre en compte les charismes de nos prêtres, dès le début de la mission et même avant !
Comment voyez-vous la complémentarité entre prêtres, diacres et laïcs ?
Pour penser la complémentarité, pensons à ce que nous avons en commun : le baptême, frères et sœurs en Christ. « Baptisez-les au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit ». Soyons lucides sur les enjeux de notre baptême : la sainteté. Comment déployons-nous notre baptême tout au long de notre vie ? Il faudra travailler les ministères ordonnés et institués.
« Je vais proposer la création d’un Conseil pastoral diocésain avec des laïcs » nous a annoncé notre évêque. Comment composer ce conseil ? Quel type de complémentarité ? Partons de ce qui nous unit tous. « Toute responsabilité dans l’Église est de l’ordre du service » comme le lavement des pieds par Jésus aux apôtres.
Comment garder à l’esprit ceux qui sont au seuil, à la périphérie ? Comment peut-on aider nos prêtres à rester disponibles à ceux qui sont loin de l’Église ?
« Dans mes deux visites pastorales (Mantes-la-Jolie et Le Chesnay), j’ai été frappé de l’investissement [des prêtres] dans l’accueil. Il ne faut jamais oublier que l’accueil doit se faire dans une dimension missionnaire. Marcher ensemble, c’est toujours marcher avec d’autres dans une communauté en croissance. Une communauté est en croissance parce que missionnaire. Synodalité ne veut pas dire marcher entre nous mais marcher avec ceux avec qui nous allons partager notre foi. »
« Aujourd’hui c’est une étape qui suscitera des initiatives nouvelles ». Peut-être même avant le synode des évêques en octobre 2023.
Extrait de la louange au début de l’assemblée avec N’joy.
Vos délégués attendent maintenant, ci-dessous, vos commentaires bienveillants !
LES ÉTAPES DU SYNODE DES ÉVÊQUES 2021-2024
«Pour une Église synodale : communion, participation et mission»
► Octobre 2021 : ouverture du synode à la demande du Pape François
► Octobre 2021 – mars 2022 : consultation du Peuple de Dieu autour de 10 thèmes proposés, groupes de partage en paroisse, remontées des synthèses locales sur la plateforme diocésaine
► 12 avril 2022 : première synthèse diocésaine communiquée lors de la messe chrismale à Versailles
► 15 mai 2022 : rapport diocésain remis à la Conférence des Évêques de France
► 15 juin 2022 : les évêques de France, réunis à Lyon en assemblée plénière extraordinaire sur le Synode sur la synodalité, publient un « document d’accompagnement de la collecte des synthèses synodales »
► 10 décembre 2022 : assemblée diocésaine synodale à Versailles (chaque diocèse doit tenir une telle assemblée avant mars 2023)
► Octobre 2023 : première session générale du synode des évêques à Rome
► Ocrobre 2024 : 2ème session générale des évêques à Rome, et publication du document final
Pour en savoir plus sur le synode :
– La page du diocèse de Versailles « Synode : pour une Église synodale »
– La contribution de la Communauté Sainte Trinité : « 162 propositions pour l’Église, un diocèse, notre paroisse et chaque fidèle »
Merci pour ces remontées! C’est si bon de savoir qu’on fait Eglise bien au delà de nos 4 clochers!
Merci infiniment pour ce compte-rendu .
Tous les jours je peux constater combien les chrétiens sont différents , tous perles du Seigneur , mais certains ne sont pas en phase avec le langage du Christ .Ils ne s’en rendent pas compte et cette Eglise synodale peut et doit nous guider .C’est une Eglise vivante qui doit nous rassembler et c’est passionnant . Encore merci , Catherine
Merci pour votre participation au nom de tous les paroissiens et merci pour cette remontée. Comme les jeunes couples cités, je ne me suis pas du tout reconnu dans les remontées du synode. Heureusement j’entends bien ce qui a été partagé lors de ce rassemblement. Prière et service ou intériorité et mission guide ma vie de baptisée, « systole-diastole » disait le Pape François aux catéchistes… est-ce que cela ne pourrait pas guider nos choix ?